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Le Vide Tourne

19 février 2011

Crise de sens

Du sens. Il ne s'agit jamais que de créer du sens. Par les microdrames, par l'inanition, par la mort, pour la vie, pour que l'on vive, pour que cela vive. 

Lutte perpétuelle contre l'inertie. On se vide, on se saigne, pourquoi ? Pour que les choses paraissent belles au réveil. Pour que le monde au réveil s'enrichisse d'un sens nouveau, ce sens précisément du renouveau.

Mais que faire quand le renouveau vieillit, quand notre être à nouveau revêt la misère de son essence ? J'ai peur. Peur du cycle éternel, de l'éternelle répétition de tout, de notre monde qui tourne tourne tourne toujours plus vite et tourne en rond. J'ai peur de mon siècle et de tous les instants où je le vois nu, ces instants où je revois les même choses, où je répète les même choses. j'ai peur des lieux communs, peur du non sens. Mort de la transcendance. Mort de tout. Je n'arrive parfois pas à faire semblant de vivre, or tout tient à cela : faire semblant.

Faire semblant. Jouer. Jouer comme un enfant qui s'invente des mondes, des histoires, une vie, un sens. Du moment que nous vivons, nous jouons.

Notre siècle ne croit plus, notre siècle ne joue plus. Notre siècle est aveugle et tourne. Il n'est plus temps de rêver, il faut agir. Alors agissons. Détruisons les projets, produisons du réel, vieillissons. Notre siècle est vieilli. Je porte sur mon visage prématurément durci, mon vieux visage de dix-sept ans, le poids de notre siècle.

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20 août 2010

Un début ?

Le temps est venu -je crois-, de commencer à raconter plus qu'à suggérer, à organiser plus qu'à évoquer. C'est une nécessité que de l'écrire, nécessité que j'ai senti poindre en moi avant même de l'avoir vécu. "L' ". Cessons pronoms et périphrases. "L' ", alias "ça", alias "cette pathologie", alias... Mon anorexie. C'est la première fois que le mot apparaît sur ce carnet et pourtant... Pourtant ces pages doivent être nées avec, si ce n'est bien avant les premières effluves de ma maladie. Et voilà : l'emploi de ces termes médicaux, scientifiques me perturbe déjà. Acceptés à l'oral, ils peinent encore à éclore sous la plume. A moins que le fait de replonger dans cette période -si récente- que ma mémoire tente d'annihiler ne soit la véritable cause du trouble qui m'est causé. Mais comme j'ai dû, par l'anorexie, plonger au fond d'un mal latent pour l'occire définitivement, de même je me dois aujourd'hui de replonger dans le passé pour en passer outre.

A n'en pas douter, la temporalité du récit -et donc de la maladie- me cause le plus de problème. Un mal "latent", j'écris. Effectivement, il m'est impossible de dater la fin du caractère psychologique de mon trouble -au point même d'hésiter parfois entre passé, présent... Et futur-, et je me perds également en spéculations quant à son origine. Il n'y a pas "une" origine ou "un" événement. Pas même "une" cause, ni même une raison qui prédominerait sur les autres. Des milliards de cellules pour un être... Des centaines de "choses" pour celle-ci. Dès lors, où commencer mon récit ? Peu importe. Écrire. Mais "écrire les choses" et non pas -et non plus- "écrire". Que la forme de dévore pas le fond. Être écriveron, chroniqueur et non pas écrivain. Là réside toute la difficulté. Mon seul goût de la nuance linguistique vient d'ailleurs de me trahir. J'aime tant les mots que je m'y perd : cherchant le juste terme et la tournure parfaite, arrachant inlassablement pages après pages - ce qui revient à dire que les mots me perdent. Preuve en est faite que je ne peux commencer un texte un peu personnel autrement que metatextuellement -metatextuallité ici doublée ! Mais trêve de jeux verbaux et tâchons d'y voir un peu clair : je viens d'écrire ces pages d'une traite, en quelques minutes et sans relectures intermédiaires ni souci esthétique particulier. J'ai de surcroît utilisé le mot : anorexie. Anorexie. Conclusion : je peux le faire. Conclusion : je vais le faire ?

23 juillet 2010

Le mot

Un an, une année douloureuse d'anorexie à raconter (ou pas d'ailleurs) petit à petit, morceaux par morceaux.

Ci et là, peut-être déjà, dans diverses marges et sur des feuilles éparses, quelques notes voilées mais si peu encore et si peur des mots trop crus.

Première fois peut-être, à peu de phrases près, que j'écris son nom, à la pathologie, à la chose que je nomme comme ça - ou comme "ça" justement - en général. "Ça" donc, on verra quand ça sortira sous ma plume. Pour l'instant, je regarde devant et si je sens que ça tire encore parfois derrière, il fut trop longtemps trop tôt pour me retourner.

(Je jure néanmoins de me retourner avant qu'il n soit plutôt trop tard...)

22 juillet 2010

Je nage

Je nage et bonheur des étoiles sans penser au reste, ni au bien manger - car bien mangé -, ni surtout au trop manger. Je ris; et parce que lèvre inférieure sous l'eau et supérieure à l'air, j'invente que " j'unis de me lèves le ciel et la mer, les étoiles et leur reflet."

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20 juillet 2010

Départ

Un mot pour prévenir mes lecteurs inexistants : je m'apprête à déroger à la contrainte rédactionnelle pour de longs jours, départ en vacances oblige !

Un autre mot pour supplier mes lecteurs potentiellement existants : n'hésitez pas à me faire part ne serait-ce que de votre passage sur mon blog par ne serait-ce qu'un mot dans ne serait-ce qu'un commentaire laissé sur ne serait-ce qu'un article...

***

Enfin... L'euphorie du départ et du tôt lever et des cernes enthousiastes qui dansent sous les yeux et illuminent le regard plus qu'elles ne lui pèsent.
La joie de survoler bientôt la mer, et quelques terres aussi, et d'atterrir en pays étranger, en terre inconnu.
L'espoir aussi de ne pas abandonner totalement ma plume et mes mots... Mais après tout, et tant que nul sentiment de culpabilité ou d'étouffement ne s'ensuit... Laissons-les peut-être tels les yeux de Gala, comme deux bateaux, se charger du ciel et de la mer...

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18 juillet 2010

Jouissance d'un corps retrouvé

Bonheur aujourd'hui du corps.

Bonheur de ma peau déjà toute dorée et presque scintillante et plus noire encore lorsqu'offerte à l'astre de midi. Bonheur de mon ventre tout chaud sous les rayons mon ventre comme un fruit ou comme une petite brioche - car tout chaud, pas car tout rond, non... Mais plus comme une assiette dont on cherche le fond ; et bonheur de la chair exposée oui bonheur de la chair.

Bonheur du corps
alangui, indolent tandis que l'esprit rêve aux bonheurs futurs.
Au soleil crétois plus chaud encore, à la peau toujours plus mordorée - comme il aime ce mot, l'esprit. Il le répète : mordorée.
A l'esprit flâneur et langoureux, désœuvré parfois mais désœuvré sans plus le sentiment de culpabilité.
Aux jouissances du corps et de ses sens. Son palais friand de saveurs hellénique, mais friand sans plus le sentiment de culpabilité.Son regard asservi aux beautés grecques beautés du ciel et de la mer et de la terre et des hommes et des femmes et du ventre comme un fruit sous le soleil.
Aux jouissances de l'expérience intuitive, sensitive et sensuelle.
Aux jouissances charnelles oubliées.

Ô ces jouissances aujourd'hui recouvrées.

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17 juillet 2010

C'est en écrivant quon devient écriveron

Oui... Et non. Ou plutôt : non mais oui.

L'écrivain peut l'être par essence. Mais tout écrivain qu'il soit - tout amoureux des mots, tout artiste, tout esthète linguistique -, il ne devient auteur qu'en se doublant d'un écriveron. L'écrivain peut sentir les mots et les émotions qui dansent en lui. Quand il prend la plume il peut sortir, sinon des perles, au moins des phrases syntaxiquement correctes et agréables à lire. Mais cette facilité que l'on peut avoir à écrire ne se révèle pas nécessairement en cela qu'elle n'est pas nécessairement utilisée, exploitée. C'est là que l'écriveron intervient. A quoi sert d'aimer écrire, d'avoir un certain talent si jamais celui-ci ne s'exprime ? L'écrivain pense et sent, l'écriveron...Écrit. Se force un peu. Se force mais surtout se forme. C'est ainsi qu'un écrivain peut ne pas être écriveron - c'est probablement le cas de la plupart des écrivains, qui maîtres en l'art de manier la langue mais qui jamais publiés ou rarement même écrivant -, de même qu'un écriveron peut ne pas être écrivain - il n'est plus permis d'en douter à la lecture de certaines aberrations commerciales.

J'ai la prétention de me sentir écrivain. Parce que j'aime les mots, parce que j'aime la langue et que j'aime la manier. Je suis en revanche tout sauf un écriveron. J'écris peu. Trop peu. Trop peu et ça me pèse. Trop peu et ça m'étouffe. Trop de honte, trop de perfectionnisme, peur d'égocentrisme et peur de présomption. Mais je sens que j'en ai besoin, que c'est ce qui me libérera, me rendra heureuse. Mon orgueil dirait que je suis faite pour ça, je modaliserai son propos en affirmant que je me suis faite pour ça. Quoi qu'il en soit, ce blog a pour but de faire de moi un écriveron. Et pour ce faire, je m'impose une publication par jour - parce que sinon je sais que stérilité et je sais que mal pour moi et je sais qu'assez de la douleur et qu'assez de l'impuissance créatrice.


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16 juillet 2010

La nuit opère

La nuit noire toute noire si noire et si belle dans l'encadrement lumineux non tamisé chaleureux oui non mettons contrasté car lumineux mais chaleureux car tamisé de la fenêtre.
Mes doigts qui courent sur le clavier et je sais je sais pourquoi j'ai voulu nommer mon blog comme il se nomme.
Capturer sur-réellement des humeurs des impressions pour me capturer moi et que je me comprenne et que ce qui est en moi le beau le laid soit mis à jour et regardé et compris et peut-être même exploité stop je me répète référez-vous au message d'hier.
Pas de points pas de virgules je sais c'est bizarre on pourrait croire que c'est mal écrit certains diront c'est moche mais moi je dis c'est moi.
Moi je dis c'est moi mais je sais ce n'est pas vraiment moi c'est moi en ce moment qui lit Belle du seigneur de Cohen et qui adore ce roman et ces longs chapitres délicieusement vrais intimes ces savoureux soliloques rédigés tout comme je rédige là maintenant et moi là maintenant qui regrette de rester désœuvrée face à un écran moi qui sait ce que j'espère de moi moi qui sait qu'au fond j'attends juste ce moment où j'écris mais moi qui sait que quelque chose bloque là quelque part quelque chose chose pathologie non chose profonde enfouie fertile et perfide.


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La nuit noire. Toute noire. Si noire et si belle dans l'encadrement lumineux - non : tamisé... Chaleureux ? Oui. Non ! Mettons : contrasté car lumineux mais chaleureux car tamisé - de la fenêtre.
Mes doigts qui courent sur le clavier... Et je sais. Je sais pourquoi j'ai voulu nommer mon blog comme il se nomme.
Capturer sur-réellement des humeurs, des impressions pour me capturer moi... Et que je me comprenne. Et que ce qui est en moi  - le beau, le laid - soit mis à jour et regardé ; et compris et peut-être même exploité... Stop : Je me répète. Référez-vous au message d'hier.
Pas de points, pas de virgules... Je sais, c'est bizarre. On pourrait croire que c'est mal écrit. Certains diront "C'est moche", mais moi je dis "C'est moi".
Moi je dis "C'est moi" mais je sais : ce n'est pas vraiment moi. C'est moi en ce moment, qui lit Belle du seigneur, de Cohen, et qui adore ce roman et ces longs chapitres délicieusement vrais, intimes; ces savoureux soliloques rédigés tout comme je rédige là, maintenant. Et moi, là, maintenant, qui regrette de rester désœuvrée face à un écran. Moi qui sait ce que j'espère de moi. Moi qui sait qu'au fond j'attends juste ce moment où j'écris.... Mais moi qui sait que quelque chose bloque, là, quelque part. Quelque chose... Chose... Pathologie ? Non : chose. Profonde. Enfouie. Fertile et perfide.


14 juillet 2010

Cultiver son jardin.

Il y a ces choses en moi qui fleurissent depuis très longtemps. Il y a cette chose en moi qui pourrit depuis trop longtemps. Il y a cette efflorescence fanée. Il y a ces orifices fermés. Il y a ces mots piégés. Je suis une serre à la terre fertile mais aux vitres cadenassées. Mes fleurs maladives peinent à respirer. Les mots se meurent. J'étouffe. Il y a le vague. L'informulable, informulé, l'informe, l'informel.

Il y a cette tige timide qui s'extirpe. Pas d'elle même il faut la tirer. Doucement. Ne pas chercher à tout tailler, à faire tout joli. A faire tout défini modelé dit posé établi ordonné. Ne pas chercher non pas tout de suite à s'y retrouver. Tirer. Très doucement. Très précautionneusement. Tirer jusqu'à ce que la tige respire. Puis tirer encore, tirer jusqu'à ce que le jardin se démêle.

Tirer jusqu'à ce que la serre se vide.

Tirer puis contempler.
Les fleurs du mal pourries fanées - la boue dorée.
Le su et tu.
L'inconnu.

Contempler et puis. Et puis après. On verra bien.


jungle

8 avril 2010

Le cadavre exquis boit du vin nouveau

J'ai marché et mes doigts sont devenus bleus. J'ai pleuré sur mes doigts bleus.

J'ai nagé et mes orteils étaient violets. J'ai pleuré sur mes orteils violets.

Est-ce qu'on garde d'une résurrection les séquelles d'une mort ?

J'ai parfois l'impression de hanter un cadavre. Mon corps, ce n'est pas moi. Mon corps, ce n'est plus moi. Je l'ai détruit, je l'ai tué. Moi, je suis revenue... Mais pas lui. Il est comme un pantin grotesque, une charogne qu'on a rembourrée pour donner l'illusion de vie... Le pire étant que je n'ai pas le droit de m'y habituer. Il est condamné à changer. Encore. On ne me laisse pas le choix. Je ne peux plus le contrôler, je n'ai plus mon mot à dire quant à son avenir. Il est l'objet de spéculations médicales et de séquelles physiologiques. Parfois, j'ai cette angoisse muette de devoir à jamais habiter un corps mort.

Toute enveloppe charnelle garde la trace des épreuves qu'elle subit. Malin. L'omniprésence d'un corps est le plus sûr pense-bête qui puisse exister. Chaque jour je sens mes extrémités glacées. Chaque jour me chuchote : plus jamais ça. Je peux sourire, rire, profiter d'une vie retrouvée. Je peux apprécier un regard complice, une parole échangée. Toutes ces choses élémentaires que j'avais oubliées. J'ai toutes les raisons de me réjouir : mon cadavre exquis boit du vin nouveau, et l'ivresse est délicieuse ! N'empêche. Il ne se passe pas un jour sans que j'y pense. Plus jamais ça. Ce passera-t-il un jour, un seul jour sans que j'y pense ? Plus jamais ça. Mais pas ça non plus.

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Le Vide Tourne
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