Crise de sens
Du sens. Il ne s'agit jamais que de créer du sens. Par les microdrames, par l'inanition, par la mort, pour la vie, pour que l'on vive, pour que cela vive.
Lutte perpétuelle contre l'inertie. On se vide, on se saigne, pourquoi ? Pour que les choses paraissent belles au réveil. Pour que le monde au réveil s'enrichisse d'un sens nouveau, ce sens précisément du renouveau.
Mais que faire quand le renouveau vieillit, quand notre être à nouveau revêt la misère de son essence ? J'ai peur. Peur du cycle éternel, de l'éternelle répétition de tout, de notre monde qui tourne tourne tourne toujours plus vite et tourne en rond. J'ai peur de mon siècle et de tous les instants où je le vois nu, ces instants où je revois les même choses, où je répète les même choses. j'ai peur des lieux communs, peur du non sens. Mort de la transcendance. Mort de tout. Je n'arrive parfois pas à faire semblant de vivre, or tout tient à cela : faire semblant.
Faire semblant. Jouer. Jouer comme un enfant qui s'invente des mondes, des histoires, une vie, un sens. Du moment que nous vivons, nous jouons.
Notre siècle ne croit plus, notre siècle ne joue plus. Notre siècle est aveugle et tourne. Il n'est plus temps de rêver, il faut agir. Alors agissons. Détruisons les projets, produisons du réel, vieillissons. Notre siècle est vieilli. Je porte sur mon visage prématurément durci, mon vieux visage de dix-sept ans, le poids de notre siècle.